Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 14:23

Le 30 Avril 2012 "La vie qui va", pour nous, c'était Ambre qui naissait au monde. Ce 24 Avril 2013 est un autre jour de fête qui nous colore la vie en rose: vêtue de rose et de lilas tendre, Ambre entre à la maison aux bras de son papa, contre lequel elle se blottit, tout en sourires. Et avec eux, entre aussi cette chaise haute tout essoufflée, celle-là même qu'Alexis, alors bébé, chahutait joyeusement, comme Romain enfant avait lui aussi bousculé la sienne... Et voici le parc où se balancent et s'accrochent les rêves somptueux de l'enfance. Voici des sacs gonflés de linge et de jouets, la petite pharmacie de secours et les vivres! Les couches n'ont pas été oubliées! Mais où se trouve "doudou", le sacro-saint objet transitionnel? Et comment m'y prendre avec cette petite fille que je connais si peu? Ambre la Souriante, tranquille dans mes bras, dévore des yeux son papa qui dépose et organise son petit monde."La vie qui va" est dans notre maison pour 3 jours de printemps, ces 24-25 et 26 Avril, quand les bourgeons sont près d'éclater, que le figuier présente ses jeunes feuilles et que le néflier n'en finit pas de faire le grand! Jusqu'où n'ira-t-il pas? Cette année, même les salades de Jean-Pierre résistent aux limaces et escargots de tout poil! Heureusement, car notre petit moussaillon proclame : " Z'en veux, moi, des salades, Ze les aime"...

Ambre est là. Elle a son visage d'enfant, ses yeux bleus ourlés de bleu, ses yeux sérieux qui ne cillent pas, ses yeux rieurs et lumineux. Et que dire de ses mains jamais découragées : cette petite vie minuscule s'échappe pour on ne sait où, qu'importe! voyons donc de plus près ce gros escargot bien tranquille dans son coin! Comment dire ses doigts inventifs : le majeur et l'annulaire regroupés dans sa bouche, l'index le long du nez et le pouce mobile caressant sa joue : se blottir alors, paupières closes. Le sommeil est déjà là. Les voici ces doigts qui découvrent un nez sur lequel s'acharner! Mais c'est celui  de papy Jean-Pierre. Brassées de rires confiants et complices!

 

Elle est là, bien présente, avec nous. Debout, devant le chien-de-mamie. Elle chante, elle parle. J'écoute. Puis, à mon tour, je chante et je parle. Vocalises partagées, entre sons et paroles. Elle a tourné la tête. Les yeux bleus ourlés de bleu me regardent. Hésitants, comme étonnés. Elle lance alors un son différent et entend comme un écho. Elle rit. C'est l'alliance! Un autre son, encore plus aigu ou plus bas. Et d'autres, uniques ou répétés. Rires, fous rires. Et voici sa main qui frappe et la mienne qui lui répond. Déjà le tempo! Parler, chanter, rythmer la vie! "La vie qui va"!

Et soudaine, l'émotion partagée de la rencontre. La vie en elle, la vie qui sauve, petite et forte vie qui brille dans son coeur.

En avant la vie! Une chaise rock'n'roll, qui tourne et roule. Et, boum! La Déesse verte de papy est tombée à terre. Surprise. Je suis si forte? Recommençons, pour voir.

En avant la vie! En avant! A quatre pattes dans l'escalier, je grimpe à l'assaut. C'est difficile. Elle se retourne à chaque marche et me découvre chaque fois, juste derrière. Cette mamie Jacqueline est bien grande! Et que fait-elle sur mes talons? Ambre ne lâche pas prise, encore une marche! et une de plus. Jusqu'à ce qu'elle renonce, à la cinquième. D'elle-même. La voici maintenant qui se dresse, heureuse, en appui sur une petite table basse. Elle avance, étonnée et prudente : ce tabouret branle un peu, prenons garde. Cette pièce de bois est bien rugueuse, voyons-la de plus près. Mais pourquoi donc cette mamie dit-elle "NON!" lorsque je veux me faufiler dans cet étroit passage et attraper ces fils qui courrent on ne sait où? Qu'importe! Avançons, sur ce chemin, ou un autre.

Ambre avance. Et en elle se mêlent la voix qui dit "NON!" et la joie de dire OUI à "la vie qui va" et qui conquiert le monde. Ambre en marche, mains tendues, court dans les herbes hautes et croit aux promesses du jour.

Jacqueline

 

Charles TRENET, La vie qui va ( 1938 )

commentaires