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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 21:18

Il était bien 19h30, lorsqu'ils sont arrivés.  C'était déjà la nuit de Noël, et elle était claire et brillante d'étoiles. Ils étaient très attendus, et bien sûr par Marie-Automne et Coline, impatientes du réveillon, de la fête et de la grande table – et leur joie, tous la ressentaient, même André surpris de leur beauté et  jusqu'à Thierry : « C'est une chance d'avoir de telles petites voisines! ». J'avais approuvé. Si le P.O.S n'avait pas changé, si Marie-Jeanne ne m'avait pas proposé d'acheter cette parcelle, si Jean-Pierre n'avait pas été partant, si nous n'avions pas vendu le 10 rue de la Liberté, si notre propriétaire n'avait pas dû mettre en vente les Lucioles, si nous n'avions pas connu Gérard, bref « s'il eût été plus court »..!! jamais nous n'aurions eu une relation aussi étroite avec elles, et, plus encore, Akhiman nous serait peut-être resté étranger, sa retenue élégante et comme « distanciée » peut-être jamais perçue.

 

Le premier à entrer, Alexis! 3 ans et 9 mois de joie de vivre et de désirs, costumés en pirate et armés du sabre d'abordage, ont déboulé au beau milieu de nous! Avec lui n'entrait pas seulement la joie de l'esprit et de l'imagination fertile, mais aussi la joie du corps ignorant la honte et conquérant. A le voir je comprenais bien ce que Zarathoustra ( j'étais alors plongée dans la lecture de Nietzsche..! ) voulait dire, quand il parlait du « Grand Midi », ce moment où s'exprime «  la bienheureuse joie de soi-même ». Et ce soir où j'écris ce texte, alors que je revois Alexis en marche et courant partout, je sais que lui aussi comme nous tous, il en aura des chemins à emprunter avant de trouver le sien... Ce soir les terribles images de Nietzsche me reviennent, ces yeux «  qui clignent prisonniers », cette sagesse « humble et rampante comme un chien », ces « grosses lèvres molles » qui cèdent à tout sans mot dire !! Pourvu qu'Alexis ne « lâche rien » trop tôt!

 

Mais à seulement 1 an et 8 mois, Ambre n'en était pas là. Nous avons tous ri quand elle est entrée toute de rouge vêtue, la tête couverte du fameux bonnet rouge, celui de Père Noël ( pas celui des Bretons certes insurgés contre l'écotaxe poids lourds -  comme leurs ancêtres du mouvement des Bonnets Rouges, en lutte au XVIIème siècle contre le roi de France - mais en réalité travaillés par l'UMP et par des groupuscules d'extrême droite...) et habillée d'un petit pyjama rouge lui aussi. Si touchante avec son petit bonnet en feutrine douce, un peu trop grand pour elle mais  semblable à celui de papa Romain ! Fière de son succès et tout sourire, elle n'en faisait pas trop et admirait « Xi !Xi ! » qu'elle voyait filer comme une flèche dans la pièce ! C'était elle notre petit Père Noël! Plus tard dans la soirée, si Joëlle ou Romain s'éclipsait, il suffisait qu'elle aperçoive le «Grand » pour qu'on l'entende appeler «Xi !Xi !», et alors son visage s'illuminait et sa main se tendait vers lui.

 

D'autres moments ont été des temps forts de ce Noël. Les « Christmas Carols » bien sûr! Marie-Automne au piano et chef de choeur! Et chacun, et moi, et surtout Sandrine d'entonner « Douce nuit », « O Tannenbaum », « Gingle bells/Vive le vent »...Et même « Une souris verte »! C'est quoi ça?! Une cantate de Noël? C'est Alexis qui chante, lui aussi! J'entends Joëlle constater en souriant qu'il lui faut maintenant lui apprendre le répertoire classique ! Et moi d'approuver ! Et Romain de  constater que la « gauchiste » a bien changé! Et c'est vrai que je vieillis. Comment ai-je pu oublier, à la fin du dîner, de présenter les clémentines, les mendiants, l'assiette de friandises et la pompe ! Et laisser mes invités repartir la faim au ventre..!

Alexis, quant à lui, ne perdait pas la tête! Ainsi, lorsqu'un nouveau talent se fit soudain entendre parmi les instrumentistes et les chanteurs, c'était lui! Lui qui s'était saisi de «sa» propre flute, celle qu'il utilisait plus jeune, pourrait-on dire, lorsqu'il jouait de la musique avec Jean-Pierre !

 

Oui, les chants de Noël, c'est vraiment Noël ! Mais ce soir-là le miracle de Noël a eu lieu pour moi dans la cuisine...quand je me suis retrouvée seule avec Alexis, un court moment, si bref et pourtant si intense. On parlait. Père Noël va bientôt passer ! Bien sûr, dans son traineau tiré par les rennes. Et il aura mes cadeaux. Tu crois que je le verrai ?.. Soudain - comment cela est-il arrivé..? Alexis a eu cette répartie : « Mais mon vrai cadeau de Noël, c'est toi ! ». Comme souvent, les enfants formulent l'important au beau milieu de ce qui peut nous apparaître comme le plus banal. « ça » vient comme ça, mine de rien. Je me rappelle encore Alexis tout jeune, qui m'avait demandé de lui constuire un garage - ce que je m'efforçais de faire en dépit de ma grande ignorance ! -  me serrant soudain très fort dans ses bras et me disant spontanément :  « Moi aime toi »...Quelle émotion alors, pour moi comme sans doute pour lui! Moi et Toi en interaction, nous deux réactifs l'un à l'autre, le temps d'un échange.

 

Père Noël allait donc passer. C'était l'heure. Quelqu'un a proposé de sortir pour le surprendre quand il descendrait « du ciel ». Vite ! Vite ! Bien se couvrir car il était nuit( il devait être 21h30! ).  Comment le voir? Où est la lampe de poche ? Qui vient ? La petite troupe était déjà dehors. Ne serait-il pas au-dessus des restanques du haut, là où  habitent Marie-Jeanne et Max ? « Père Noël ! Père Noël ! » On avait beau l'appeler, il ne se montrait pas. Mais voyons, cette lueur, là-bas, du côté du toit, ce doit être lui... Il était si proche que tout le monde est alors revenu vers La Luciole.  Les cadeaux étaient déjà là, au pied du sapin ! Dès qu' Alexis les a vus, à ma grande surprise, il est immédiatement ressorti et revenu comblé :  « Je crois bien que j'ai vu sa traînée ». C'était vraiment un parfait gentleman, ce Père-Noël.

Pas question de découvrir les cadeaux sans notre petite Ambre, qui était couchée depuis bientôt une heure et demie. C'est Sandrine qui a ccompagné Romain jusqu'à notre bureau où son lit-parapluie ( celui de Coline! ) avait été installé, au beau milieu des livres de sociologie et de littérature française. En très bonne compagnie donc ! Et c'est elle qui portait le trésor quand ils nous ont rejoints au pied du sapin. « Moi, je n'ai pas mal au dos, je peux la porter ! ».

 

Et quand tous les paquets ont été ouverts et distribués, Alexis était si épuisé qu'il n'a pas rechigné pour aller dormir dans sa chambre, en bas. Mais il ne faut pas que mamie oublie de me réserver 2 tranches de bûche, une pour moi et une pour papa..!

 

Jacqueline

Falicon

24 Décembre 2013.

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