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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 20:56

Chers parents,

 

Après de longues hésitations, vous venez enfin de vous décider à prendre un congé parental d'éducation à temps complet pour profiter de vos petits bouts de choux. Félicitations pour cette courageuse décision car il y a fort à parier que vous n'avez eu de cesse d'opposer bénéfices familiaux et risques professionnels!

 

C'est alors qu'après avoir longuement pesé le pour et le contre, vous avez informé votre hiérarchie et votre employeur de votre intention de prendre un congés parental d'éducation à temps complet. Mais, Surprise!, alors que votre hiérarchie comprendra votre choix, ce sont les RH qui vous causeront des tracas. Il est probable qu'ils tentent de solder votre compte et donc de vous payer vos congés payés non utilisés!

 

C'est donc passablement agacé que vous leur indiquez que vous ne souhaitez pas du tout solder vos congés payés mais que vous souhaitez les conserver pour les utiliser à votre retour de CPE (Congés Parental d'Education)...

 

En espérant que tout se passe bien, je vais tout de même vous aider (au cas où) à faire valoir vos droits...

 

Je vais donc considérer que la réponse de vos RH vous a déçue.

 

Je comprends bien votre déception et je vous propose de la transformer, un temps soit peu, en agacement pour enfin vous en délivrer ;-p (enfin j'espère...)

 

Votre salut viendra de notre chère Europe qui va vous permettre de conserver vos congés payés! OUI je vous l'assure et je vais vous le prouver!

 

A compter d'aujourd'hui (2014), vous allez devenir PRO-Européen et vous allez surtout être heureux de faire partie des 500 millions d'européens dispersés à travers 28 pays...

 

Si si, l'Europe vous veut du bien et vous allez devenir fan de l'accord-cadre sur le congé parental qui s'applique à tous les travailleurs européens!

 

Ainsi, je vous conseille de préciser, à vos RH, votre intention de prendre un congé parental d'éducation à temps complet, dans le respect de la clause 2, point 6, de l'accord-cadre sur le congé parental, conclu le 14 décembre 1995, et modifié par la directive 97/75/CE du Conseil, du 15 décembre 1997 (JO 1998, L10, p. 24). Mais pour être sympa, précisez leur que vous souhaitez conserver vos congés payés acquis ou en cours d'acquisition avant le début de votre congés parental.

 

S'ils vous répondent qu'ils sont désolés de ne pouvoir répondre favorablement à votre demande, il vous faudra leur répondre que vous êtes déçus par leur réponse d'autant plus que vous ne pourrez pas accepter favorablement leur refus... lol

 

Il vous faudra alors leur apprendre la loi, bien que nul n'est censé l'ignorer...

 

Je vous conseille donc de leur préciser que votre demande s'appuie sur l'accord-cadre sur le congé parental qui stipule que : "les droits acquis ou en cours d'acquisition par le travailleur à la date du début du congé parental sont maintenus dans leur état jusqu'à la fin du congé parental". Puis, afin d'éviter de longs échanges et limiter votre agacement, je vous conseille de préciser que l'arrêt de la Cours de Justice de l'Union Européenne, du 22/04/2010, relatif à l'affaire C-486/08 indique que les congés payés font bien partis des droits acquis ou en cours d'acquisition: "Il résulte de ces objectifs de l’accord-cadre sur le congé parental que la notion de «droits acquis ou en cours d’acquisition» au sens de la clause 2, point 6, dudit accord-cadre recouvre l’ensemble des droits et des avantages, en espèces ou en nature, dérivés directement ou indirectement de la relation de travail, auxquels le travailleur peut prétendre à l’égard de l’employeur à la date du début du congé parental (arrêt Meerts, précité, point 43). Le droit au congé annuel payé revêtant, tel qu’il a été rappelé au point 28 du présent arrêt, une importance particulière, fait indubitablement partie des droits dérivés directement de la relation de travail de chaque travailleur, et cela qu’il s’agisse de travailleurs féminins ou masculins."

 

Et la bingo, vous êtes maintenant sur la même longueur d'onde!

 

Bon courage et pouponnez bien!

 

Liens:

15 février 2015 7 15 /02 /février /2015 19:53

En week end.

Elle était dans les bras de son père. Penchée sur son épaule gauche. Etrangement ses regards paraissaient nous effleurer et glisser sur le Lama et sur Kitty, que j’avais posés sur la table, par précaution, pour atténuer une douleur toujours possible quand une séparation devait avoir lieu.

Elle était dans les bras de son père, elle avait mis ses doigts dans sa bouche. Silence. Pas un mot, pas un cri. Je disais Regarde Kitty, regarde-la qui t’ouvre les bras. Viens près d’elle.

Entendait-elle ces mots de peu. Que voulait-elle entendre ?

Elle était dans les bras de son père et ne voulait rien d’autre que rester le front sur son épaule, dans son désir de ne pas se déprendre de lui. Il était sa maison.

Mais enfin elle est descendue. Je ne sais comment… Peut-être l’a-t-il posée. Parce qu’il faut bien. Et alors je me suis glissée vers elle, avec Kitty. Le jeu a commencé. On faisait comme si, comme si j’étais la marchande… Vite, la voici tout affairée et impatiente d’acheter des yaourts à la chèvre, un sandwich au jambon, du pain et du fromage. Et quoi d’autre encore madame ? Des fruits. Et nous voilà énumérant et comptant ceux qui figurent au palmarès de ses fruits préférés ! Ses achats faits elle est prête à partir, je la retiens. Madame, il faut payer, maintenant ! Mon sac est là, tout près, je le lui ouvre. Quelle aubaine ! L’interdit tombe ! Elle déborde alors d’initiatives : elle ouvre le porte-monnaie, se saisit des ordonnances médicales, cartes d’abonnement, permis de conduire. Tout est bon à prendre. Puisqu’on fait comme si, eux feront fonction de cartes de crédit ou de produits-frais-laitiers-de base… de tout ! Elle se prend au jeu, cherche les formules « rituelles », s’essaie au « vous » et revient au « tu », se reprend… Je me régale. Quand elle a tout sorti du sac, il n’y a plus de place sur le canapé. C’est bien embêtant. Que va-t-elle faire ? Tout déménager sur l’autre canapé et puis tout « enfourner » dans sa valise…

Evitons le film catastrophe, celui des cartes froissées ou des billets déchirés… Cette valise est parfaite pour un petit voyage. Vous partez en voyage, madame ? Au ski peut-être ? Me voici tirée d’embarras. Le canapé est tout blanc, la neige déjà là… Mais il faut d’abord prendre l’avion. Ranger les affaires dans mon sac et fermer la valise. Hello Kitty et Doudou sagement installés côte à côte, à sa gauche. Toi, mamie, viens t’asseoir à côté de moi et mets ta ceinture… Pas de problèmes, un gilet fera l’affaire, et pour elle le chargeur du téléphone. Et Doudou, et Kitty ? Elle cherche et trouve un je ne sais quoi qu’elle s’applique à fixer avec soin pour qu’ils soient en sécurité… Le commandant de bord est heureux de vous accueillir à bord... Nous sommes fin prêts. Elle vérifie du regard. L’avion peut décoller. Par les hublots nous découvrons le blanc des nuages puis les routes du ski, les sapins illuminés de neige, les flocons… Ce canapé blanc joue vraiment bien le jeu !

Et quand je me suis levée pour gagner la cuisine, elle n’a pas arrêté. Je l’entendais qui parlait .Avec qui ? Et sur quel chemin s’élançait-elle maintenant ?

Jacqueline. Falicon. 15 Février 2015.

28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 21:18

Il était bien 19h30, lorsqu'ils sont arrivés.  C'était déjà la nuit de Noël, et elle était claire et brillante d'étoiles. Ils étaient très attendus, et bien sûr par Marie-Automne et Coline, impatientes du réveillon, de la fête et de la grande table – et leur joie, tous la ressentaient, même André surpris de leur beauté et  jusqu'à Thierry : « C'est une chance d'avoir de telles petites voisines! ». J'avais approuvé. Si le P.O.S n'avait pas changé, si Marie-Jeanne ne m'avait pas proposé d'acheter cette parcelle, si Jean-Pierre n'avait pas été partant, si nous n'avions pas vendu le 10 rue de la Liberté, si notre propriétaire n'avait pas dû mettre en vente les Lucioles, si nous n'avions pas connu Gérard, bref « s'il eût été plus court »..!! jamais nous n'aurions eu une relation aussi étroite avec elles, et, plus encore, Akhiman nous serait peut-être resté étranger, sa retenue élégante et comme « distanciée » peut-être jamais perçue.

 

Le premier à entrer, Alexis! 3 ans et 9 mois de joie de vivre et de désirs, costumés en pirate et armés du sabre d'abordage, ont déboulé au beau milieu de nous! Avec lui n'entrait pas seulement la joie de l'esprit et de l'imagination fertile, mais aussi la joie du corps ignorant la honte et conquérant. A le voir je comprenais bien ce que Zarathoustra ( j'étais alors plongée dans la lecture de Nietzsche..! ) voulait dire, quand il parlait du « Grand Midi », ce moment où s'exprime «  la bienheureuse joie de soi-même ». Et ce soir où j'écris ce texte, alors que je revois Alexis en marche et courant partout, je sais que lui aussi comme nous tous, il en aura des chemins à emprunter avant de trouver le sien... Ce soir les terribles images de Nietzsche me reviennent, ces yeux «  qui clignent prisonniers », cette sagesse « humble et rampante comme un chien », ces « grosses lèvres molles » qui cèdent à tout sans mot dire !! Pourvu qu'Alexis ne « lâche rien » trop tôt!

 

Mais à seulement 1 an et 8 mois, Ambre n'en était pas là. Nous avons tous ri quand elle est entrée toute de rouge vêtue, la tête couverte du fameux bonnet rouge, celui de Père Noël ( pas celui des Bretons certes insurgés contre l'écotaxe poids lourds -  comme leurs ancêtres du mouvement des Bonnets Rouges, en lutte au XVIIème siècle contre le roi de France - mais en réalité travaillés par l'UMP et par des groupuscules d'extrême droite...) et habillée d'un petit pyjama rouge lui aussi. Si touchante avec son petit bonnet en feutrine douce, un peu trop grand pour elle mais  semblable à celui de papa Romain ! Fière de son succès et tout sourire, elle n'en faisait pas trop et admirait « Xi !Xi ! » qu'elle voyait filer comme une flèche dans la pièce ! C'était elle notre petit Père Noël! Plus tard dans la soirée, si Joëlle ou Romain s'éclipsait, il suffisait qu'elle aperçoive le «Grand » pour qu'on l'entende appeler «Xi !Xi !», et alors son visage s'illuminait et sa main se tendait vers lui.

 

D'autres moments ont été des temps forts de ce Noël. Les « Christmas Carols » bien sûr! Marie-Automne au piano et chef de choeur! Et chacun, et moi, et surtout Sandrine d'entonner « Douce nuit », « O Tannenbaum », « Gingle bells/Vive le vent »...Et même « Une souris verte »! C'est quoi ça?! Une cantate de Noël? C'est Alexis qui chante, lui aussi! J'entends Joëlle constater en souriant qu'il lui faut maintenant lui apprendre le répertoire classique ! Et moi d'approuver ! Et Romain de  constater que la « gauchiste » a bien changé! Et c'est vrai que je vieillis. Comment ai-je pu oublier, à la fin du dîner, de présenter les clémentines, les mendiants, l'assiette de friandises et la pompe ! Et laisser mes invités repartir la faim au ventre..!

Alexis, quant à lui, ne perdait pas la tête! Ainsi, lorsqu'un nouveau talent se fit soudain entendre parmi les instrumentistes et les chanteurs, c'était lui! Lui qui s'était saisi de «sa» propre flute, celle qu'il utilisait plus jeune, pourrait-on dire, lorsqu'il jouait de la musique avec Jean-Pierre !

 

Oui, les chants de Noël, c'est vraiment Noël ! Mais ce soir-là le miracle de Noël a eu lieu pour moi dans la cuisine...quand je me suis retrouvée seule avec Alexis, un court moment, si bref et pourtant si intense. On parlait. Père Noël va bientôt passer ! Bien sûr, dans son traineau tiré par les rennes. Et il aura mes cadeaux. Tu crois que je le verrai ?.. Soudain - comment cela est-il arrivé..? Alexis a eu cette répartie : « Mais mon vrai cadeau de Noël, c'est toi ! ». Comme souvent, les enfants formulent l'important au beau milieu de ce qui peut nous apparaître comme le plus banal. « ça » vient comme ça, mine de rien. Je me rappelle encore Alexis tout jeune, qui m'avait demandé de lui constuire un garage - ce que je m'efforçais de faire en dépit de ma grande ignorance ! -  me serrant soudain très fort dans ses bras et me disant spontanément :  « Moi aime toi »...Quelle émotion alors, pour moi comme sans doute pour lui! Moi et Toi en interaction, nous deux réactifs l'un à l'autre, le temps d'un échange.

 

Père Noël allait donc passer. C'était l'heure. Quelqu'un a proposé de sortir pour le surprendre quand il descendrait « du ciel ». Vite ! Vite ! Bien se couvrir car il était nuit( il devait être 21h30! ).  Comment le voir? Où est la lampe de poche ? Qui vient ? La petite troupe était déjà dehors. Ne serait-il pas au-dessus des restanques du haut, là où  habitent Marie-Jeanne et Max ? « Père Noël ! Père Noël ! » On avait beau l'appeler, il ne se montrait pas. Mais voyons, cette lueur, là-bas, du côté du toit, ce doit être lui... Il était si proche que tout le monde est alors revenu vers La Luciole.  Les cadeaux étaient déjà là, au pied du sapin ! Dès qu' Alexis les a vus, à ma grande surprise, il est immédiatement ressorti et revenu comblé :  « Je crois bien que j'ai vu sa traînée ». C'était vraiment un parfait gentleman, ce Père-Noël.

Pas question de découvrir les cadeaux sans notre petite Ambre, qui était couchée depuis bientôt une heure et demie. C'est Sandrine qui a ccompagné Romain jusqu'à notre bureau où son lit-parapluie ( celui de Coline! ) avait été installé, au beau milieu des livres de sociologie et de littérature française. En très bonne compagnie donc ! Et c'est elle qui portait le trésor quand ils nous ont rejoints au pied du sapin. « Moi, je n'ai pas mal au dos, je peux la porter ! ».

 

Et quand tous les paquets ont été ouverts et distribués, Alexis était si épuisé qu'il n'a pas rechigné pour aller dormir dans sa chambre, en bas. Mais il ne faut pas que mamie oublie de me réserver 2 tranches de bûche, une pour moi et une pour papa..!

 

Jacqueline

Falicon

24 Décembre 2013.

21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 21:16

Et voici quelques photos d'un week-end (Du 14 au 17 Juin 2013) en corse à bord de l'Aloa 29.

 

Départ de Nice pour la Giraglia puis navigation côtière jusqu'à Bastia.

 

 

 

Les côtes corses sont en vue:

 

 

Les côtes corses sont en vue:

 

 

 

Mouillage à la Giraglia:

 

 

 

Coucher de soleil sur le Cap Corse:

 

 

 

Lever de soleil sur le Cap Corse:

 

 

 

 

 

 

 

Réserve de Finocchiarola:

 

 

 

 

 

 

 

Le vieux port de Bastia:

 

 

 

 

 

Le nouveau port de Bastia (Toga)

18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 14:23

Le 30 Avril 2012 "La vie qui va", pour nous, c'était Ambre qui naissait au monde. Ce 24 Avril 2013 est un autre jour de fête qui nous colore la vie en rose: vêtue de rose et de lilas tendre, Ambre entre à la maison aux bras de son papa, contre lequel elle se blottit, tout en sourires. Et avec eux, entre aussi cette chaise haute tout essoufflée, celle-là même qu'Alexis, alors bébé, chahutait joyeusement, comme Romain enfant avait lui aussi bousculé la sienne... Et voici le parc où se balancent et s'accrochent les rêves somptueux de l'enfance. Voici des sacs gonflés de linge et de jouets, la petite pharmacie de secours et les vivres! Les couches n'ont pas été oubliées! Mais où se trouve "doudou", le sacro-saint objet transitionnel? Et comment m'y prendre avec cette petite fille que je connais si peu? Ambre la Souriante, tranquille dans mes bras, dévore des yeux son papa qui dépose et organise son petit monde."La vie qui va" est dans notre maison pour 3 jours de printemps, ces 24-25 et 26 Avril, quand les bourgeons sont près d'éclater, que le figuier présente ses jeunes feuilles et que le néflier n'en finit pas de faire le grand! Jusqu'où n'ira-t-il pas? Cette année, même les salades de Jean-Pierre résistent aux limaces et escargots de tout poil! Heureusement, car notre petit moussaillon proclame : " Z'en veux, moi, des salades, Ze les aime"...

Ambre est là. Elle a son visage d'enfant, ses yeux bleus ourlés de bleu, ses yeux sérieux qui ne cillent pas, ses yeux rieurs et lumineux. Et que dire de ses mains jamais découragées : cette petite vie minuscule s'échappe pour on ne sait où, qu'importe! voyons donc de plus près ce gros escargot bien tranquille dans son coin! Comment dire ses doigts inventifs : le majeur et l'annulaire regroupés dans sa bouche, l'index le long du nez et le pouce mobile caressant sa joue : se blottir alors, paupières closes. Le sommeil est déjà là. Les voici ces doigts qui découvrent un nez sur lequel s'acharner! Mais c'est celui  de papy Jean-Pierre. Brassées de rires confiants et complices!

 

Elle est là, bien présente, avec nous. Debout, devant le chien-de-mamie. Elle chante, elle parle. J'écoute. Puis, à mon tour, je chante et je parle. Vocalises partagées, entre sons et paroles. Elle a tourné la tête. Les yeux bleus ourlés de bleu me regardent. Hésitants, comme étonnés. Elle lance alors un son différent et entend comme un écho. Elle rit. C'est l'alliance! Un autre son, encore plus aigu ou plus bas. Et d'autres, uniques ou répétés. Rires, fous rires. Et voici sa main qui frappe et la mienne qui lui répond. Déjà le tempo! Parler, chanter, rythmer la vie! "La vie qui va"!

Et soudaine, l'émotion partagée de la rencontre. La vie en elle, la vie qui sauve, petite et forte vie qui brille dans son coeur.

En avant la vie! Une chaise rock'n'roll, qui tourne et roule. Et, boum! La Déesse verte de papy est tombée à terre. Surprise. Je suis si forte? Recommençons, pour voir.

En avant la vie! En avant! A quatre pattes dans l'escalier, je grimpe à l'assaut. C'est difficile. Elle se retourne à chaque marche et me découvre chaque fois, juste derrière. Cette mamie Jacqueline est bien grande! Et que fait-elle sur mes talons? Ambre ne lâche pas prise, encore une marche! et une de plus. Jusqu'à ce qu'elle renonce, à la cinquième. D'elle-même. La voici maintenant qui se dresse, heureuse, en appui sur une petite table basse. Elle avance, étonnée et prudente : ce tabouret branle un peu, prenons garde. Cette pièce de bois est bien rugueuse, voyons-la de plus près. Mais pourquoi donc cette mamie dit-elle "NON!" lorsque je veux me faufiler dans cet étroit passage et attraper ces fils qui courrent on ne sait où? Qu'importe! Avançons, sur ce chemin, ou un autre.

Ambre avance. Et en elle se mêlent la voix qui dit "NON!" et la joie de dire OUI à "la vie qui va" et qui conquiert le monde. Ambre en marche, mains tendues, court dans les herbes hautes et croit aux promesses du jour.

Jacqueline

 

Charles TRENET, La vie qui va ( 1938 )