Si nous avons pris la route de l’ouest, un jour d’Août 82, c’est que nous voulions « présenter » notre petit bonhomme à nos amis, aux TARRIUS et à MARIE-JO. On est donc parti ! Un des moments forts de l’expédition fut sans doute le feu d’artifice aux JOUBERTIES…Déjà, en 73 et en 74, mais c’était avec maman, toujours partante pour un peu de fantaisie et d’inattendu, j’y avais vécu de belles soirées de fêtes, bien sûr sans ROMAIN ( qui n’était pas né ! ) et JEAN-PIERRE ( qui n’était pas en terre d’exil ! ) mais avec les complices du moment, dont certains ne font plus partie de ma vie mais avec lesquels les échanges n’ont pas vraiment cessé, puisqu’ils marchent à mes côtés, dans l’ombre de mes souvenirs. Donc ce soir-là, en Août 82, une joyeuse petite troupe, disparate mais bien soudée, était rassemblée dans la belle propriété de madame DIGNAC. JAMES tout d’abord, qui faisait fonction d’artificier. ROMAIN est au 1^er rang, assis sur les genoux de Marie-Jo : il parle et les mots se bousculent d’enthousiasme, il crie de joie et agite les mains… DANY est là aussi, c’est peut-être la mère de James ? Il y a même madame Dignac ! et Jipé, bien sûr, qui a conduit le mini-bus Volkswagen depuis NICE jusqu’à PRADES et le CLOS DE POMMERS, puis RIBERAC, au pays de cape et d’épée ! C’est lui aussi qui a installé « le garçon » à l’avant, entre son père et sa mère, au poste de commande ! Comment a-t-il trouvé la force de résister aux angoisses de Jacqueline,  à ses objections craintives, à ses inhibitions ? Romain-Jeanpierre : « papa gad ! papa gad ! ». Les camions, les phares dans la nuit, les lumières ! Romain sans cesse en alerte, les yeux grands ouverts, le visage confiant! A 3 heures du matin nous êtions arrivés bd Camille Fargeot, à Ribérac. La table vite mise, sans chichi : saucisson, camembert et salade de fruits. Les rires. L’accueil chaleureux. On nous attendait. James déguisé en fille! Marie-Jo et Dany, complices et « réfractaires » ! Le temps a rendu flous les visages, mais James n’avait pas plus de 15-16 ans !!! Et Romain, lui, bien éveillé, a voulu dîner avec nous et « a tenu » jusqu’à 4 heures du matin ! Jours de fête à Ribérac, et plus encore aux Jouberties. Fantômes mélancoliques à mes côtés, force de la mémoire qui fait se rejoindre des époques distantes, qui ressuscite des émotions oubliées, qui rassemble et mêle bonheurs et angoisses. Bonheur de la mémoire : Romain gigote et saute et court vers la petite charrette d’où surgissent ces bouquets de lumières qui volent et explosent dans le ciel !  Mémoire fragile aussi, mais dressée comme un rempart contre l’oubli et l’implacable cruauté du temps. Ce soir-là, quand nous avons quitté les Jouberties, l’ombre avait gagné de partout, les bêtes de la nuit avaient retrouvé le silence et Romain s’était endormi dans mes bras.